Gauffrage sur papier Stonehedge et sérigraphie
Photo : Michael Patten et Delphine Huguet
Texte : Fanny Serain
Recourant à la stratégie de dissimulation, Delphine Huguet isole des fragments du quotidien, les révèle dans une fiction qui reste en partie secrète. Convoquant la sphère de l’intime et du privé, l’artiste divulgue pour partie son univers intime : ses fantasmes écrits restent voilés par une lecture trouble (édition unique, mise en page éclatée, langage codé) et dont le partage sera limité à quelques proches. « L’intimité c’est nous-mêmes à l’ordinaire » selon le mot célèbre de Maurice Blanchot. Composante de l’identité intime, le secret ouvre un écran projectif personnel, renvoyant chacun face à ses propres questions et reflétant une société qui se dévoile, en cours en mue mais qui n’autorise pas pour autant la levée de tous les freins. Si Delphine Huguet offre la possibilité d’un monde qui échappe au visible et à la lecture immédiate, elle élargit aussi le champ de l’art pour se laisser deviner, donner libre cours à l’imagination mais surtout y dupliquer l’ambiguïté d’une posture féminine entre affirmation identitaire revendiquée et dissimulation sociale de convenance exigée.
Extrait du texte du livret d’exposition, Mythologie, quotidien, féminin – 2023