Pâte à papier
Texte : Fanny Serain
A l’aune d’une époque où les dernières découvertes préhistoriques (Cosquer, Cavillon…) révisent une position des femmes plus égalitaire, basée sur la survie, la réflexion artistique de Delphine Huguet convoque également le passé pour explorer le présent. Casque, rollers, récit de fantasmes, nœud de sein et autres objets se chargent d’une portée symbolique et, dans un geste cumulatif, conduisent à la production d’une forme narrative proche de celui laissé par les restes matériels d’une sépulture dystopique non identifiée. Certains semblent poudrés d’un camaïeu cinéraire tandis que d’autres bien que reconnaissables prennent des allures apotropaïques.
A l’image de l’archéologie, le récit morcelé se construit à la lueur des pièces qui viennent l’alimenter, créant un flux d’interprétations, de projections imaginaires qui les relient les uns aux autres et créent un pacte intime avec celui qui regarde. Choisissant ses propres découvertes, forçant une certaine sérendipité artistique[1], Delphine devient l’inventrice d’une Amazone en devenir dont les reliques semblent déjà s’être immiscées dans notre quotidien.
[1] ou « l’art de découvrir ou d’inventer en prêtant attention à ce qui surprend et en imaginant une interprétation pertinente. » (S. Catellin, 2014.)
Extrait du texte du livret d’exposition : Mythologie, quotidien, féminin – 2023