Architecture en bois et tentures imprimées sur soie
Photos : Jean Michael Seminaro
Texte : Fanny Serain
Avec Mythologies, Delphine Huguet reprend le format du triptyque pour y déployer une composition d’objets organisés autour d’une figure féminine de dos. Cette nouvelle trinité s’apparente à une planche anatomique réunissant des patins à roulettes moulés en plâtre, des vestiges de pierre et un autoportrait du corps de l’artiste tuméfié en raison d’une chute de roller. Sur ce fond aux nuances bleu hématome, s’élabore à travers les attributs d’une contemporaine, une introspection sur l’identité féminine. Appuyé par le reflet narcissique de miroir, le polyptique se fait l’étendard d’interrogations sur le devenir féminin, la figure de l’héroïne dans un monde post #metoo et plus précisément celle de l’Amazone, au cœur des réflexions de l’artiste. S’inspirant de ce contre-modèle qui déjoue les normes et conduites attendues et ce, malgré ses exploits, Delphine Huguet met au jour des objets et les associent pour bâtir sa propre mythologie, celle d’une Femme guerrière à l’heure actuelle.
Fantasme de la femme conquérante dans l’Antiquité, l’aspect érotique intrinsèque de l’Amazone -pourtant étymologiquement femme sans sein- a fait de celle-ci une véritable « femme fatale », celle que l’on affronte, aime et met à mort pour sa trop grande liberté.
Loin de se limiter à l’image virile et repoussoir élaborée dans l’Antiquité ou d’une simple réduction à la sexualité lesbienne de quelques Pionnières des Années Folles, les indices personnels que Delphine sélectionne dépeignent le délicat portrait contemporain d’une femme qui s’affirme entre fragilité et puissance et qui, comme tout mythe, a la propension fabuleuse de s’inspirer du réel et la vocation tragique d’éveiller l’œil du citoyen (Vernant, Vidal- Naquet, 1986).
